Ce qui ne concerne pas la majorité d’entre nous, alors revenons à nos moutons : l’entreprise libérée est-elle rentable ?
En fait, la question serait plutôt de savoir si “libérer l’entreprise permet-il de booster la performance de l’entreprise ?”
Certain(e)s ont vu, dans la libéralisation, un bon moyen de faire des réductions de coûts : suppression des postes de manager, des process de contrôle voire même, pour les plus cyniques, réduire la masse salariale en répartissant les responsabilités de cadres sur des non cadres. Sauf qu’ils s’y sont cassés les dents !
L’entreprise libérée n’est pas juste une nouvelle organisation ou répartition des tâches. L’entreprise libérée se veut de penser les choses autrement, de sortir d’une inertie hiérarchique, de structures axées sur le contrôle des salariés qui les rendent malheureux au travail. Pour beaucoup d’entreprises, à l‘instar de Poult ou Chronoflex, la libération s’est faite à la suite d’une crise ou d’une passe difficile. Elles se devaient d’imaginer un fonctionnement plus agile en misant sur l’intelligence collective pour faire face à leurs difficultés.
Et ça a fonctionné : Poult a démarré sa libéralisation en 2006, a renoué avec une croissance à 2 chiffres et a doublé son résultat entre 2007 et 2010.
Concrètement, en termes de gains et coûts ça donne quoi ?
Basé sur la confiance, libérer l’entreprise permet une économie de coûts sur les process de contrôle, les suppressions des multiples strates intermédiaires ou de certains services supports. Ce qui pourrait donner une économie substantielle des frais de personnel.
Or il s’avère que la masse salariale augmente dans la plupart des cas de libéralisation !
Libérer l’entreprise c’est remettre les salariés au coeur de la stratégie en leur accordant une confiance pleine et entière, dans un cadre et un objectif bien défini (et co-défini) afin de libérer les initiatives, l’intelligence collective et la responsabilité de chacun.
Ça nécessite du temps hors production, temps consacré à la réflexion, l’échange et l’innovation et aussi des investissements. Chez RH Performances, depuis le lancement du process de libéralisation en 2015, nous investissons 3,5 à 4% de notre masse salariale en formation pour donner à chacun les moyens de sa réussite et en “déformation” pour se libérer des anciens réflexes hiérarchiques. Notre mutation a aussi nécessité un bel investissement en travaux pour créer un cadre convivial, cohérent avec nos valeurs, et mettre à disposition des espaces de travail facilitateurs … Venez voir le résultat quand vous passez dans le quartier :).
Rappelons-nous à quel point le cadre de travail contribue à la qualité du travail d’équipe, du bien-être du collaborateur qui passe un tiers de son temps au bureau et donc à la performance de l’entreprise !
Et comme dans tout changement, il y a de la casse … Libérer l’entreprise ne séduit pas tous les collaborateurs, certains quittent le navire et l’entreprise peut connaître une phase de turn over important au moment de cette transition.
Évoluer avec son temps
La libération n’est pas non plus une nouvelle forme de management magique qui résoudrait toutes les difficultés. L’entreprise se doit d’être pensée comme une organisation mouvante qui évolue dans le temps et qui doit s’adapter en permanence à son contexte, ses contraintes et ses opportunités, tant en termes de produits et services qu’en termes d’organisation sociale favorisant l’initiative. Reprenons l’exemple de Poult qui a dû repenser son organisation, son mode de fonctionnement 7 ans après s’être libérée.
Au final, la réussite économique de la libération de l’entreprise ne se lit pas dans d’éventuelles économies réalisées mais surtout dans l’augmentation de production de valeur ajoutée.
En libérant son entreprise, le dirigeant choisit de restaurer la confiance, la transparence et la responsabilisation pour libérer les capacités d’initiatives. Il choisit de mettre des règles pour autoriser et non pour interdire et permettre à ses collaborateurs d’être acteur de leur propre réussite professionnelle et donc de la réussite de l’entreprise.
Pour Hervé van Rijn, dirigeant de RH Performances et Want-Id, devenir un dirigeant libérateur c’est passer d’un système où l’enjeu de la rentabilité n’est porté que par le dirigeant et son codir à un système où le dirigeant est le garant de la vision co-construite et le coach de ses équipes pour sa réalisation. Une performance n’est pas décidée ex-ante, mais est le fruit d’une recherche collective, à tous les niveaux et dans toutes ses composantes et métiers. Chacun est acteur de la réussite de l’entreprise !
Et son succès est entier au moment où celle-ci a réussi à enthousiasmer le client, être rentable et, permettre aux salariés de s’épanouir au travail.
[*]Une licorne est une start up étant évaluée + d’un milliard de $ avant même d’avoir généré des profits. Ex : Snapchat, Whatapps, Uber ou Blablacar pour en citer une française …
Sherlock, le chasseur des bonnes astuces