Une enfance baignée dans l’entrepreneuriat
Alaude a grandi dans une entreprise familiale de chauffage sanitaire à Tourcoing, dirigée par ses parents. Un univers qui a façonné sa vision du travail et de l’entrepreneuriat :
“J’ai toujours vécu dans l’entreprise, avec mon frère, c’était notre terrain de jeu. On avait même une chambre à l’entreprise, et on était autorisés à jouer dans le magasin, à prendre le téléphone, à dessiner sur les factures…”
Cette immersion totale a créé chez elle une perception naturelle de l’entrepreneuriat comme voie professionnelle. Si bien qu’elle pensait “qu’il fallait se créer son métier“, n’ayant pas vraiment saisi le concept du salariat.
La culture du travail et de l’effort
Les parents d’Alaude lui ont transmis une culture du travail et de l’effort qu’elle qualifie d'”innée“. Elle a observé leur passion, leurs sacrifices aussi – “il y a des années où on partait en vacances, il y a des années où on ne partait pas” – mais en a tiré une vision positive.
“J’ai pris le verre à moitié plein et je me suis dit quand même que c’était une forme de liberté, de passion.”
L’équilibre comme philosophie entrepreneuriale
Un terme revient constamment dans le discours d’Alaude : l’équilibre.
Pour elle, le travail fait partie intégrante d’un équilibre de vie global.
“Il faut que je sois hyper amoureuse de mon mari, entourée de mes copains, de ma famille, que je fasse du sport, mais que je sois aussi passionnée par mon boulot.”
La passion comme moteur
Si l’équilibre est sa quête, la passion est son carburant. Alaude explique avoir été “guidée par sa passion” lorsqu’elle a créé Sublimeurs à 22-23 ans.
Ce lien avec la gastronomie trouve ses racines dans son enfance, où les moments de plaisir familiaux étaient souvent associés aux sorties au restaurant – d’abord dans “le petit café brasserie à Tourcoing“, puis dans des établissements plus prestigieux à mesure que l’entreprise familiale prospérait.
L’audace d’entreprendre sans expérience préalable
Contrairement à la majorité des entrepreneurs qui se lancent après plusieurs années d’expérience en entreprise, Alaude a créé sa société directement après ses études.
“Je pense que la compétence n’a pas d’âge,” affirme-t-elle avec conviction.
Le bon sens et l’entourage : deux ingrédients essentiels
Sans expérience, Alaude a dû inventer ses propres processus “par bon sens” et apprendre en marchant.
Elle souligne l’importance cruciale de s’entourer dans l’aventure entrepreneuriale.
“On n’est pas tout seul quand on entreprend. […] C’est comme un voyage pour moi. J’ai besoin de voyager avec des gens.”
L’entrepreneuriat au féminin : briser le plafond de verre
Hervé Van Rijn évoque un chiffre marquant : seulement 17% des chefs d’entreprise sont des femmes.
Alaude réagit en pointant le manque de modèles entrepreneuriaux féminins.
“On a peu de modèles et en fait, on a besoin d’une incarnation de ces femmes qui réussissent de manière très humble.”
Une expérience genrée de l’entrepreneuriat
Son témoignage révèle des situations concrètes où son genre a joué un rôle dans son parcours :
“Quand j’ai été voir mon banquier la première fois, j’étais contente d’avoir un associé garçon à côté de moi.”
Elle note toutefois une évolution, et fait de sa différence une force : “Limite, c’est une force, parce que du coup on fait peut-être plus notre place.”
La vulnérabilité comme force managériale
Alaude partage une perspective rafraîchissante sur le management, en défendant la vulnérabilité comme force pour l’entrepreneur.
“Cette vulnérabilité entrepreneuriale et managériale est pour moi ultra importante.”
L’expérience de l’épuisement
Elle raconte comment, après avoir maintenu une façade de perfection pendant les premières années, elle a finalement accepté de montrer sa vulnérabilité à son équipe.
“Pendant les trois premières années, tous les mois de février, j’étais très très fatiguée […] Au bout de la troisième année, j’ai commencé à souffler et à dire à mes équipes ‘je suis fatiguée, comment vous pouvez faire pour m’aider?‘”
Le résultat a été positif : “À partir de ce moment-là, j’ai passé tous mes mois de février et mars nickel parce que mon équipe m’aidait.”
Un militantisme entrepreneurial mesuré
À travers son entreprise Sublimeurs, Alaude défend ses valeurs tout en gardant un équilibre entre conviction et pragmatisme.
“J’ai envie de défendre l’entrepreneuriat féminin, j’ai envie d’accompagner des marques agro qui font bouger les choses […] Et en même temps, une chose à la fois, chacun son chemin.”
Elle conclut par une vision optimiste : “J’espère que l’entrepreneuriat féminin, dans 10 ans, ça ne sera plus un sujet.”
Cet épisode du podcast “Interview Première Fois” offre un regard authentique et nuancé sur l’entrepreneuriat au féminin, où la passion, l’équilibre et l’humanité constituent les fondements d’une réussite à visage humain.
