Quand les “plantages” deviennent source d’apprentissage
“J’ai créé trois sociétés, et sur ces trois sociétés, j’en ai planté deux.“
C’est par cette confession sans détour qu’Arnold Fauquette s’est présenté lors de la soirée 2025 des lauréats de Réseau Entreprendre.
Une transparence rafraîchissante dans un monde où l’on met souvent en avant uniquement les réussites.
Pour Arnold, cette volonté d’assumer ses échecs publiquement n’est pas anodine : “On ne peut pas réussir pleinement si à un moment on n’a pas expérimenté, si on n’a pas été confronté à des difficultés.“
Ces expériences moins glorieuses lui ont notamment appris deux leçons fondamentales : la difficulté d’être un bon associé et le danger de l’attrait pour “l’herbe plus verte ailleurs“. Comme il l’explique avec lucidité : “J’ai besoin d’avoir la main sur les projets que je mène. Je ne suis pas un bon associé.“
VIVAT : une entreprise où l’humain prime sur les profits
Aujourd’hui à la tête de VIVAT, une structure d’aide à domicile permettant aux personnes âgées, en situation de handicap ou en convalescence de rester chez elles, Arnold Fauquette a développé une philosophie entrepreneuriale singulière.
“La rentabilité de mon entreprise est le fruit de mon engagement“, affirme-t-il avec conviction. Pour lui, il est essentiel de prendre soin de ses collaborateurs, particulièrement dans un secteur où ces derniers peuvent être aussi fragiles que les personnes qu’ils accompagnent.
Cette approche se traduit par un modèle de développement, qu’Arnold compare à un phénomène naturel : “On ne se développe que là où on a des espaces propices. Mon entreprise se développe uniquement en fonction d’éléments naturels.“
L’amour comme moteur de management
“Mon rôle en tant que chef d’entreprise, c’est d’apporter de l’amour.“
Cette phrase pourrait paraître incongrue dans le monde des affaires, et pourtant, Arnold en fait son credo.
Face au scepticisme que ce terme peut provoquer, il répond simplement : “Je suis le témoin que cette manière d’aborder une entreprise, un modèle économique complexe, en y intégrant ce domaine des émotions et des relations, ça marche.“
Concrètement, cela se traduit par une absence de jugement, une considération sincère pour chaque collaborateur et une vision horizontale du leadership : “Je ne suis pas quelqu’un de supérieur aux gens avec qui je travaille. Je suis plutôt à leur service.“
Les vertus de l’accompagnement entrepreneurial
Président de Réseau Entreprendre Nord, Arnold témoigne également de l’importance cruciale de l’accompagnement pour les entrepreneurs : “Si je n’avais pas été accompagné, j’aurais peut-être perdu beaucoup d’années de vie d’entrepreneur. J’aime bien me cogner la tête contre les murs, mais j’aurais peut-être pu me cogner encore plus longtemps.“
Pour lui, être entouré de dirigeants expérimentés qui posent un regard bienveillant sur son parcours a été déterminant, au point qu’il considère que Réseau Entreprendre “a changé sa vie en tant que dirigeant“.
Une culture de l’ouverture, même face à la concurrence
Parmi les convictions qui façonnent son approche des affaires, Arnold partage sa vision surprenante de la concurrence : “Je n’ai jamais fermé ma porte aux concurrents.“
Une philosophie de la “porte ouverte” qui pourrait sembler contre-intuitive mais qu’il défend avec pragmatisme : “Si un concurrent a envie de faire comme vous et qu’il le fait mieux que vous, il a raison. Ça m’encourage plutôt à dire : ‘vas-y, si tu fais mieux que moi, peut-être que j’apprendrai de ce que tu vas faire.’“
Cette ouverture reflète sa conviction profonde qu’il n’y a “pas de valeur ajoutée à cacher ce en quoi on croit” et illustre parfaitement sa vision collaborative de l’entrepreneuriat.
Un équilibre fragile entre succès et humilité
Au terme de cet échange riche en enseignements, Arnold Fauquette nous livre sa réflexion sur le rapport au succès : “Ce qui m’inquiète, c’est que le succès vient nourrir l’ego et peut t’éloigner de la prise de conscience du rôle que tu as à jouer.“
Une mise en garde contre les dangers de la réussite qui, paradoxalement, peuvent parfois s’avérer plus insidieux que ceux de l’échec.
Avec deux phrases qui résument parfaitement sa philosophie “On risque rien à tenter” et “On risque rien à aimer“, Arnold nous offre une vision de l’entrepreneuriat où l’audace et la bienveillance deviennent les deux faces d’une même pièce.
Ce podcast captivant révèle un entrepreneur authentique, capable d’introspection et porteur d’une vision humaine du leadership.
Une écoute indispensable pour tous ceux qui cherchent à entreprendre différemment ou à insuffler plus de sens dans leur pratique managériale.
