[ L’interview Première Fois n°6 ] Diriger en donnant de l'amour : le pari gagnant du dirigeant de Vivat

Face à un parterre de 2000 personnes lors de la soirée des lauréats de Réseau Entreprendre Nord 2025, Arnold Fauquette lâche cette phrase qui détonne :

“J’ai créé trois sociétés, et sur ces trois sociétés, j’en ai planté deux.“

Une confession rare dans un monde entrepreneurial souvent obsédé par l’image de réussite.

Mais pour ce serial entrepreneur devenu président de Réseau Entreprendre Nord et fondateur de Vivat, une structure d’aide à domicile, l’échec n’est pas un tabou – c’est un apprentissage nécessaire.

“On ne peut pas réussir pleinement si à un moment on n’a pas expérimenté, si on n’a pas été confronté à des difficultés.“, confie-t-il à Hervé Van Rijn dans cette nouvelle édition de notre podcast “L’interview Première Fois”.

Ses deux échecs entrepreneuriaux lui ont notamment enseigné une vérité personnelle difficile à admettre : “Je ne suis pas un bon associé.“.

Malgré toute sa bonne volonté, Arnold a découvert qu’il avait besoin “d’avoir la main sur les projets” qu’il mène. Une prise de conscience précieuse qui l’a aidé à construire différemment son entreprise actuelle.

L’autre piège dans lequel il est tombé ?

“L’herbe est plus verte ailleurs.” Cette tentation de se dire : “J’ai créé une boîte dans ce secteur-là, mais il y a peut-être ce secteur-là qui est plus rentable, plus performant, plus sexy… Il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas.“

Une croyance séduisante mais trompeuse.

Aujourd’hui à la tête de Vivat, Arnold a développé une philosophie entrepreneuriale à contre-courant.

“La rentabilité de mon entreprise est le fruit de mon engagement” affirme-t-il.

Les indicateurs économiques ne sont jamais un sujet d’arbitrage. Si une mission ne peut pas être réalisée dans les règles de l’art par son équipe, elle n’est simplement pas acceptée – peu importe le chiffre d’affaires potentiel.

Plus surprenant encore, Arnold revendique une approche managériale basée sur… L’amour.

“Mon rôle en tant que chef d’entreprise, c’est d’apporter de l’amour.“, déclare-t-il sans détour.

Une formule qui fait souvent sourire ses pairs entrepreneurs, mais qu’il défend avec conviction : “Je suis le témoin que cette manière d’aborder une entreprise, en y intégrant ce domaine des émotions et des relations, ça marche.“

Pour lui, cela se traduit concrètement par l’absence de jugement, la considération de l’humanité complète de chaque salarié, et surtout une posture humble : “Je n’ai pas un statut supérieur aux gens avec qui je travaille, je suis plutôt à leur service.“

Cette vision s’étend même à sa relation avec la concurrence.

Là où beaucoup voient des menaces, Arnold a toujours pratiqué la politique de la “porte ouverte“. Il n’hésite pas à partager ses méthodes, convaincu qu’il n’y a “pas de valeur ajoutée à cacher ce en quoi on croit.“

Sa philosophie tient en deux phrases : “On ne risque rien à tenter” et “On ne risque rien à aimer.“

Des mots simples qui résument un parcours entrepreneurial fait d’audace, d’apprentissages douloureux et d’une vision profondément humaine du leadership.

Dans un monde économique souvent centré sur la performance à tout prix, Arnold Fauquette nous rappelle que l’entrepreneuriat peut aussi être un formidable terrain d’exploration de nos valeurs les plus essentielles.