[ Table Ronde RH n°1 ] Transformer une fonction RH administrative en une fonction RH stratégique

Asseyez-vous à la table d’une DRH expérimentée qui a mené avec réussite la transformation de sa fonction !

Dans ce premier épisode, Simon et Clémentine reçoivent Fleur Espinoux, anciennement DRH de la Sauvegarde Du Nord pendant 4 ans et actuellement DRH de la Mutualité de l’Isère depuis septembre 2025.

Transformer une fonction RH administrative en une fonction RH stratégique

 

Dans notre premier épisode de Table Ronde RH, nous recevons Fleur Espinoux, ancienne DRH de La Sauvegarde du Nord, qui nous livre un témoignage authentique sur sa transformation d’une fonction RH traditionnelle vers une approche véritablement stratégique. Accompagnée de Simon Bastaert, CEO de RH Performance, elle partage 4 années d’expérience terrain au sein d’une association de 1600 collaborateurs. Cette conversation révèle les défis concrets, les résistances surmontées et surtout les méthodes qui fonctionnent vraiment. Entre nous, combien de DRH se reconnaîtront dans ce point de départ : une fonction cantonnée à l’administratif, des silos étanches et cette fameuse logique “on a toujours fait comme ça” ?

Le constat de départ : quand la RH fonctionne… mais à l’ancienne

Une organisation cloisonnée qui freine l’innovation

Fleur arrive en 2021 avec une mission claire de son directeur général : passer d’une “administration du personnel qui fonctionne bien” à de “vraies stratégies RH au service des professionnels”.

Le défi ? Transformer une organisation de 1600 salariés répartis sur 70 dispositifs, avec des équipes RH dispersées qui ne se parlaient que par mail.

Concrètement, on retrouve cette situation classique : le siège dicte les processus, les pôles appliquent sans discussion et personne ne comprend vraiment pourquoi on fait les choses de cette manière.

Résultat ? Des “couloirs de nage” où chacun reste dans son périmètre, des petites techniques particulières qui se développent en catimini et au final, des stratégies RH qui n’existent tout simplement pas.

Le collectif RH inexistant : un défi national

Simon le confirme dans notre métier : cette situation n’est malheureusement pas isolée.

En France, on se focalise depuis des décennies sur la compétence technique et l’expertise, mais on forme très peu aux soft skills.

Pourtant, aujourd’hui, la majorité des entreprises ont pris conscience qu’attirer et fidéliser les talents nécessite d’intégrer cette dimension comportementale.

 

L’élément déclencheur : quand l’urgence crée l’opportunité

Un rendez-vous qui change la donne

L’histoire commence de manière assez pragmatique : en septembre 2021, le directeur général demande à Fleur de présenter pour la première fois des indicateurs RH devant le conseil d’administration.

Une première dans l’histoire de l’association !

Cette deadline devient l’occasion rêvée de mener l’audit complet qu’elle aurait de toute façon réalisé.

D’ailleurs, c’est souvent comme ça que les transformations démarrent, non ?

Un événement externe qui oblige à se poser les bonnes questions et à structurer sa réflexion.

La création du premier Club RH

Face à ce défi, Fleur prend une décision qui va tout changer : réunir pour la première fois les 30 personnes qui “touchent au RH” dans l’organisation. Un vrai pari quand on sait que certaines ne se parlaient que par mail depuis 30 ans !

L’objectif ? Annoncer la fin de la logique “petites mains” et instaurer une nouvelle règle du jeu : partage systématique des sujets, remise en question collective et surtout, fini les arrangements entre copains.

 

Les actions concrètes qui font la différence

Créer de nouvelles synergies entre services

Premier chantier : la rédaction collaborative de fiches pratiques avec le service communication.

Simple en apparence, cette action permet de faire travailler ensemble des équipes qui ne collaboraient jamais.

Plus fort encore : elle oblige chacun à repenser ses métiers, à vulgariser son expertise et à vérifier que tout est clair… y compris entre collègues RH.

Révolutionner la gestion prévisionnelle des emplois et compétences

Fleur s’attaque ensuite à un morceau de taille : transformer complètement l’approche formation. Auparavant, le budget était simplement coupé en deux (50% siège, 50% pôles), chacun construisant son plan dans son coin.

La nouvelle méthode ? Les pôles viennent autour de la table présenter les besoins remontés des 1600 entretiens professionnels annuels.

Résultat : on découvre que des besoins isolés sur un pôle se retrouvent en fait partagés par plusieurs services. On crée ainsi de la transversalité tout en répondant mieux aux attentes individuelles.

Une approche participative de la qualité de vie et des conditions de travail

Pour la démarche QVCT, Fleur refuse l’approche classique “bel accord dans une pièce entre délégations syndicales“.

Elle convainc tout le monde de partir du terrain avec un diagnostic en deux phases : questionnaire quantitatif puis 12 groupes de travail de 120 personnes pour définir des actions concrètes.

Le plus malin ? Les équipes définissent elles-mêmes leurs actions prioritaires et leurs modalités de mise en œuvre.

Pas de jugement de la direction, juste de l’accompagnement si besoin. Cette autonomisation responsabilise les collectifs et ancre durablement les changements.

 

Les résultats obtenus : mesurer l’impact d’une transformation

Des indicateurs quantitatifs encourageants

Sur la GPEC, les résultats sont tangibles avec un nouvel accord et des retours très positifs sur le catalogue de formation.

Ce qui plaît aux professionnels ? Moins l’acquisition de nouvelles compétences que la possibilité de se retrouver avec des collègues et de découvrir comment leurs expertises peuvent s’enrichir mutuellement.

L’évolution du collectif RH : le vrai succès

Mais le résultat le plus probant selon Fleur, c’est l’évolution du collectif RH lui-même. Aujourd’hui, les responsables RH viennent spontanément voir leurs collègues du siège, se retrouvent naturellement en salle de réunion pour traiter ensemble des sujets qui les concernent.

Et ça, c’est vraiment l’indicateur qui ne trompe pas : quand les gens créent spontanément de l’interaction et du partage, c’est que la culture a vraiment évolué.

Une intégration systématique dans les projets

Au niveau du comité exécutif aussi, les choses ont changé. Les directeurs de pôle intègrent désormais systématiquement les équipes RH dès le début des projets. Fini le réflexe “on verra les aspects RH en bout de course quand ça bloque“.

 

Les enseignements à retenir pour votre transformation

Structurer pour mesurer l’impact

Simon insiste sur un point essentiel : même si on ne peut pas tout mesurer, il faut structurer sa démarche et définir des indicateurs. Formation, communication, organisation… chaque action doit avoir un sens et s’inscrire dans une stratégie d’ensemble.

Dans notre métier, on voit trop souvent des entreprises lancer des formations “pour faire plaisir” sans véritable cohérence.

Le secret ? Partir des besoins terrain et les raccrocher aux enjeux business.

Accepter l’imperfection et l’expérimentation

On ne peut pas toujours tout mesurer“, reconnaît Simon avec pragmatisme. Parfois, on sent que ça marche sans savoir exactement pourquoi.

L’important, c’est de tester, mesurer au maximum et ajuster en permanence.

Chaque structure étant différente, il n’y a pas de recette miracle. Mais les principes restent les mêmes : casser les silos, améliorer la communication et surtout faire comprendre à chacun pourquoi son travail a du sens.

 

L’avenir de la fonction RH : vers une intégration totale

Et si la fonction RH de demain était tellement intégrée qu’on n’en parlerait plus comme d’une fonction à part ?

C’est la vision de Fleur pour les 5 prochaines années : des professionnels RHnoyés positivementdans toute l’organisation, qui connaissent parfaitement l’activité de leur entreprise et intègrent en permanence les enjeux business dans leurs actions.

Simon partage cette vision d’une fonction RH encore plus centrale, véritable lien entre la direction et le terrain, facilitant les échanges dans les deux sens pour sortir définitivement des structures pyramidales.

Entre nous, c’est exactement ça l’enjeu : passer d’une RH qui subit à une RH qui accompagne et anticipe les transformations de l’entreprise.

 

Envie de transformer vos processus RH avec un expert en la matière ?

Contactez nos consultants !

Envie de visionner ce podcast ? Regardez le sur

icon

Vous en voulez encore ? Écoutez nos autres podcasts !